Puis la mère devient régente au second trimestre pour se transformer en vraie femme enceinte. Aux trois derniers mois la reine et le dauphin font la paix pour préparer ensemble une grande bataille : la naissance.
Son corps A six mois, la mère est au sommet de sa gestation. Tout son corps est bouleversé. La production des hormones est à son maximum, les glandes thyroïde, surrénales et hypophysaire, travaillent à plein rendement, l’organisme est inondé de prolans qui se retrouvent dans les urines, la salive, la sueur.
Le cœur a dix battements de plus à la minute. Il doit fournir un effort supplémentaire puisqu’il assure la circulation fœtale et placentaire. Un médecin finlandais, le docteur Raïha, d’Helsinki, a constaté que les femmes qui ont un petit cœur et un petit volume sanguin accouchent plus prématurément que les autres. La règle du docteur Raïha est la suivante : plus la grossesse avance, plus la femme doit penser à se reposer afin que son cœur puisse faire face en priorité aux besoins de l’enfant. Le rythme respiratoire s’est beaucoup accéléré, sous l’action des sécrétions hormonales ; la mère doit respirer pour deux. Le glycogène provenant de la transformation des glucides s’accumule dans le foie qui augmente son activité. Le sang s’enrichit en graisse, en sucre, en cholestérine.
Le fœtus ne garde dans son monde clos que les produits qui lui sont favorables. Il rejette tous ses déchets dans l’organisme maternel sans se soucier de l’intoxication qu’il provoque. La mère riposte par l’augmentation de sa rate et la diminution de l’alcalinité de son sang. Pour lutter contre cet empoisonnement, elle produit des anticorps. L’utérus en grossissant repousse le foie, la rate, l’estomac, causant parfois des brûlures, des nausées. Il prend la forme d’une poire renversée et a la taille d’un ballon de rugby. Le deuxième examen prénatal a lieu au sixième mois de la grossesse. La future mère a déjà perçu les premiers mouvements de son enfant : elle va maintenant l’entendre vivre. Un appareil à ultrasons posé sur son ventre lui retransmet amplifiés les battements du cœur fœtal. Ce cœur, qui bat avec tant de fougue, lui apporte tout à coup l’émouvante preuve d’une nouvelle existence.
Le fœtus s’est transformé en un vrai bébé. L’utérus a déjà commencé sa fabuleuse dilatation. En palpant le ventre de la femme, le médecin a une première appréciation de son volume et peut juger du bon développement du bébé. Si la future maman n’a pas trop grossi, si sa tension ne s’est pas élevée et si l’albumine et le sucre sont toujours absents dans les urines, le médecin est satisfait : les trois conditions essentielles d’une bonne évolution de la grossesse sont remplies. En fait, l’examen gynécologique du sixième mois a pour but de vérifier si le col de l’utérus est bien fermé. Celui-ci constitue, en effet, la porte de sortie de l’enfant et, s’il s’ouvre avant la date de l’accouchement, une naissance prématurée est toujours à redouter. En prévoyant à temps cet accident, le médecin a toutes les chances de l’éviter et d’amener le bébé à terme.
Le moindre doute sur le bon état de l’enfant peut être maintenant confirmé. Les progrès de l’analyse biochimique permettent d’obtenir un dosage très précis des hormones œstrogènes. Dans l’organisme de la femme enceinte existe un taux normal de ces hormones, dont la variation donne d’excellentes indications sur le déroulement de la grossesse. Le médecin peut alors agir en conséquence.
Au cours du sixième mois, la future maman grossit de 400 à 500 grammes par semaine. La hauteur du ventre dépasse d’une main le nombril.
Souvent, la nuit, des crampes dans les mollets ou les orteils se manifestent. Pour calmer cette douleur, le meilleur remède est d’appuyer bien fort le pied contre le bois du lit et de faire quelques pas. Les crampes ne sont en général pas dangereuses, mais il est préférable d’en parler au médecin. Elles peuvent avoir pour origine des troubles circulatoires ou des carences en vitamines ou en calcium.
Son état d'âme « Elle baisse la tête pour le mieux percevoir, elle a rejoint l’enfant dans l’antre intérieur, elle est tout contre lui (...). Elle se pelotonne tout au fond d’elle-même.
Elle attend l’éveil de celui qui repose au berceau de son corps. Elle n’est plus dans le monde. Le cercle est clos. Au-delà du mur qu’elle s’est construit, l’agitation des autres ne peut l’atteindre dans sa béatitude. » Les mouvements de son enfant appellent la jeune femme à se concentrer sur son ventre. Tout ce qui lui paraissait sa raison d’être l’indiffère. L’active devient béatement passive, la travailleuse se détourne de son métier, l’autoritaire se soumet. L’habitude seule maintient l’activité. La lassitude et la fatigue favorisent la diminution des relations avec l’extérieur. Pour les femmes de devoir ou les travailleuses, la « faute » n’est pas de ne plus être capables, mais de ne plus désirer être capables. Elles supportent mal le désaveu de ce qui leur tenait tant à cœur. Par bonheur, l’entourage prévenant et compatissant, la fatigue physique créée par cet hôte exigeant et pesant, les aident à accepter leur nouvelle condition. Toutes les femmes se détachent alors plus ou moins des préoccupations adultes pour redevenir des enfants. Les psychologues disent qu’elles sont en état de régression. Elles l’étaient déjà inconsciemment dès le début de la grossesse, mais elles ne pouvaient pas s’abandonner à cette attitude puérile que rien d’apparent ne justifiait. Au sixième mois, le corps a tellement changé que nul ne peut douter de la gestation. La phrase « après tout je suis enceinte » veut excuser leur infantilisme.
La femme enceinte se complaît à manger et à dormir. Elle passe des heures à sa toilette, se peigne longuement, surveille la nuance d’une pigmentation, l’épaisseur d’un bourrelet. Ces soins narcissiques (centrés sur soi-même) sont permis et même recommandés. Cet égoïsme est un refuge sécurisant qui lui évite d’imaginer des « choses angoissantes ». L’esprit tranquille et l’humeur en repos, elle s’installe dans une quiétude bénéfique.
La régression est un appel muet à la sollicitude. Beaucoup de femmes enceintes ont besoin de quelqu’un pour les protéger, les dorloter, s’occuper d’elles. Le mari, la mère, parfois le médecin sont les personnes qui répondent en premier lieu à sa demande. Mais c’est l’époux qui tient le rôle le plus colossal. De son attitude dépend la bonne adaptation de la future mère à son état. S’il est compréhensif, chaleureux, protecteur, sa femme s’épanouit avec bonheur. S’il est indifférent, sa femme se sent dupée, déçue. L’amour et l’aide qu’elle attendait dans cette nouvelle situation lui sont refusés par l’être qui pourtant partage avec elle la responsabilité de cette Vie débutante.
L’entourage familial et social se fait complice de cette régression. Par les égards, le respect, les attitudes adoptées, le droit à la place assise, la carte prioritaire... la société accentue ce comportement comme si elle l’avait prévu.
Le père : il n'est plus seul à être aimé
A l’instant où la femme se tourne vers elle-même, le mari sent un écran immatériel se dresser entre lui et le monde où elle s’est réfugiée. Il est intimidé, interloqué. Sa réaction est différente suivant qu’il se donne ou non la peine de pénétrer les secrets de la maternité.
Certains pères, empêtrés dans leurs habitudes, s’éloignent et se désintéressent de « ces affaires de femmes », s’appuyant sur le poids de la tradition qui les « couvre ». D’autres sont jaloux. Ils n’occupent plus la place privilégiée dans le couple. Le fœtus les a supplantés. Ils prennent brutalement conscience que le mariage n’est pas uniquement conçu pour eux. Cette mère qu’ils avaient trouvée dans leur épouse s’occupe maintenant d’un autre enfant. Certains s’interrogent avec malaise sur cette bouffée d’égo- centrisme. Ils tentent de trouver une explication, un remède. Ils vont sous la peau chercher les mains, les pieds, le corps de leur enfant. Mari et femme retrouvés s’exercent au jeu de leur petit qui bouge. Par ces enfantillages, le futur père a tiré sa femme hors de son univers clos.
Preparez dors et déjà les premieres couches de bébé ainsi que tous les produits de soins tels que le serum physiologigue par exemple.